Nous avons déjà appris dans notre classe que Guillaume le Conquérant a apporté la langue française en Angleterre en 1066, mais l’histoire de
l’influence du français sur l’anglais a pris un chemin compliqué dans les années suivantes.
Comme nous savons, Guillaume et ses partisans venaient de la Normandie, et le nom de ses habitants, « normands » est dérivé de «
northmen » (hommes du nord) ou « norsemen » (après les Vikings de la Scandinavie). Comme tel, la vieille langue normande a été
influencée par le vieux norrois (« Old Norse » en anglais).
Mais Guillaume et ses nobles, et beaucoup de ses partisans de la Normandie et des autres parties du nord et de l’ouest de la région qui
est la France d’aujourd’hui, parlaient une gamme de Langues d’Oïl. Ces langues ont obtenu leur nom de la manière dont on parlait le mot
oui ; contrairement au sud, où se parlait la Langue d’Oc, où l’on prononçait le mot comme « oc ». Voici une carte montrant les langues
diverses du pays .
Les langues d’Oïl incluaient le normand, et même le picard et des autres dialectes du nord. Cet amalgame s'est développé dans le
dialecte insulaire unique maintenant connu sous le nom « anglo-normand ».
Le picard dérivait principalement du latin vulgaire, et est similaire dans la conjugaison et le vocabulaire au français, comme vous
verrez :
Conjugaison
Personne
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ète (être)
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avoèr (avoir)
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s’in aller (s’en aller)
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1ère
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ej su
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j’ai
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j’m’in’vas
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2èmefamilière
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t’es
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t’as
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tu t’in vas
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3èmemasc.
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il est
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i’a
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i s’in va
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3èmefem.
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al est
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al a
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ale s’in va
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3ème neutre
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in est
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in a
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in s’in va
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1ère pluriel
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os sonmes
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os avons
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os nos in alons
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2èmeformel/ pluriel
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os ètes
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os avez
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os vos in alez
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3ème pluriel
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is sont
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is ont
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is s’in vont
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Vocabulaire et expressions communes
la feire (la foire)
la peire (la poire)
la cose (la chose)
le cat (le chat)
le câtel (le château)
la quièvre (la chèvre)
Bojour (Bonjour)
Bonsoèr (Bonsoir)
La boinne nuit ! (Bonne nuit !)
Merchi (Merci)
Échtchusez-mi (Excuse-moi)
Kmt qu’os vos aplez ? (Comment vous appelez-vous?)
Combin qu’cha coûte ? (Combien ça coute ?)
Povez-vos m’aider, sins vos komander ? (Pouvez-mous m’aider, s’il vous plaît ?)
Nous pouvons reconnaître le français des normands dans ces mots anglais : le cat (le chat), le câtel (le château), nâtre (méchant – en
anglais, « nasty »).
Mais si la langue de Guillaume incluait le picard, pourquoi est-ce que l’anglais moderne n’emploie pas plus de mots français ou n’utilise
pas ses conjugaisons ? Plusieurs événements historiques ont rendu l’Angleterre plus séparée de la France.
Après l’invasion de 1066, l’anglo-normand a remplacé le vieux anglais comme la langue des classes supérieurs, du discours poli, et de la
littérature, tandis que le latin continuait la langue de la religion, de l’éducation, et de la philosophie. Et des mots français
apparaissent, aussi bien que des autres changements comme l’introduction du lettre « v ».
De la même façon, l’anglais a emprunté des préfixes comme inter-, counter-, re-, trans-, anti-, dis-, et des suffixes comme -able,
-ible, -ent, -al, ous, -ive.
Cependant, les paysans avaient peu de contacts avec les gens riches et importants, et gardaient le vieux anglais. Et donc au fil du
temps, ceux des classes supérieures avaient besoin de communiquer avec eux, qui ne comprenaient que le moyen anglais.
Parler français est resté à la mode en Angleterre du XIII siècle, mais le normand avait beaucoup moins de prestige que le français
parisien.
Et après que le roi anglais Jean eu perdu la Normandie en 1204, les liaisons entre l’Angleterre et la France ont été coupées, réduisant
encore le besoin de français.
Puis, quand la Guerre de Cent Ans a commencé en 1337, les sentiments anti-français ont conduit à une nouvelle diminution de la
popularité du français en Angleterre.
Par la suite, il y a eu une augmentation de la littérature en moyen anglais, écrite par les écrivains comme Geoffrey Chaucer, John
Gower, et William Nassyngton. Comme l’a écrit Nassington dans le XIV siecle :
And somme understonde wel Englysch
that can nother Latin nor Frankys.
Bothe lered and lewed, olde and gonge,
Alle understonden english tonge.
Néanmoins, il y a un endroit où le français a persisté en Angleterre bien au XVII siècle: la loi. Bien que le français ait cessé d’être
parlé souvent, on a continué à l'utiliser dans les procédures judiciaires. Et même si la loi de 1730 a rendu l’anglais obligatoire dans
les tribunaux, nous avons gardé les mots français dans la loi maintenant. Voici des exemples:
● Attorney (« atorné » en vieux français, c’est-à-dire « nommé » ou « désigné » de se représenter dans le cour)
● Bailiff (« baillif » en anglo-normand, ou intendant, administrateur)
● Chattel (« chatel » en vieux français, ou propriété)
● Chose (utilisé dans « chose in action », qui signifie une réclamation juridique) 3
● Culprit (originalement « cul. prit », abréviation de « culpable : prest » ou coupable, prêt pour le procès)
● Cy-près doctrine (c’est-à-dire « le plus près possible », ou une manière d’interprétation d’un testament, ou
les souhaits du testateur ne peuvent pas être effectués) ● Defendant (le défendeur ou défenderesse dans un procès juridique)
● Demise (origine « démettre », pour signifier un transfert de propriété par testament) ● Escheats (origine
« eschete » en anglo-normand et « échets » en vieux français, qui signifie une réversion de propriété non réclamée)
● Estoppel (originalement « estouppail » en anglo-normand, ou « bouchon », lorsqu'il est interdit à quelqu'un de prendre
une position incompatible avec celle qu'il a prise auparavant.)
● Force majeure (clause dans contrats qui élimine certaines obligations rendues impossible par acte de Dieu)
● Grand jury (panneau de citoyens chargé avec l’examen d’une question criminelle de grand importance)
● In pais (« à la campagne », pour décrire un accord fait dehors du cour) ● Jury (panneau de citoyens
chargé de décider un cas criminel)
● Laches (de l’anglo-normand « lachesse » ou « laxisme », une défense d’une réclamation lorsque le défendeur
est désavantagé par le retard du demandeur)
● Larceny (de l’anglo-normand « larcin », le même en français)
Parol evidence rule (règle qui interdit l’usage d’évidence non écrite)
● Plaintiff (« plaintiff » en français, ou demandeur)
● Treasure trove (de « tresor trouvé », ou tresor trouvé par hazard)
● Voir dire (littéralement « dire la vérité », ou « voir » ne vient pas du mot moderne « voir », mais du vieux français, qui
signifie « ce qui est vrai »)
Le français a contribué beaucoup à la langue anglaise, et en reste une partie importante aujourd’hui !