Travaux d'expression écrite
Un voyage à Saint-Jean-de-Luz
La première fois que je suis allé en France, c'était lors d'un voyage en famille en 1975. On a passé une semaine à Paris avant de
partir pour Saint-Jean-de-Luz, une petite station balnéaire située sur la côte Atlantique, à quelques kilomètres de la frontière espagnole.
Tout le voyage a été passionnant pour un garçon de dix ans. A part des voyages effectués de l’autre côté de la rivière Détroit pour aller à
Windsor, c'était mon premier voyage à l'étranger. L'aventure a commencé à l'aéroport métropolitain de Détroit, où l’on a
embarqué dans un Boeing 747 de Northwest Orient. J'étais fasciné par les avions, donc j’ai demandé à l'hôtesse de l’air si je
pouvais monter l'escalier circulaire pour regarder ce qu’il y avait au deuxième étage, ce qu'elle m'a gracieusement permis de
faire. Satisfait, je me suis installé dans mon siège avec ma famille pour le long vol.
En arrivant à Orly, ce qui m'a le plus impressionné, c'est l'inspecteur des douanes. Je suis sûr qu’il nous a parlé, mais je me souviens de lui dans son uniforme impressionnant avec un regard sévère sur son visage, ouvrant silencieusement nos sacs et passant ses mains dans nos articles. J'étais certain qu’on avait fait quelque chose de mal, mais, heureusement, on n’avait pas de contrebande ! Après avoir rendu visite à des amis de la famille dans le 16ème arrondissement pendant une semaine, nous avons pris un train pour Saint-Jean-de-Luz. Ça nous a pris plus de dix heures dans un wagon de 2e classe chaud et bondé pour arriver à notre destination. Après un court trajet en taxi, nous sommes arrivés à notre maison pour le prochain mois, le Modern Hôtel.
Le Modern Hôtel (maintenant le Grand Hôtel Thalasso & Spa) est situé sur la place d’honneur, sur la plage, surplombant une baie tranquille protégée par une grande digue. Notre chambre avait une belle vue sur la baie. Ce qui a surpris mon frère et moi, c'était l'ascenseur en cage - nous avons été réprimandés pour avoir joué dedans. J’ai commencé à découvrir d'autres différences entre la France et les Etats-Unis. Par exemple, on ne pouvait pas sortir de l'hôtel sans avoir laissé notre clef à la réception (quelque chose que je trouve toujours bizarre). J'ai aussi été impressionné par la franchise des femmes âgées qui ont dit à mon frère et moi de sortir pour jouer au lieu de regarder la télévision au salon. Elles avaient raison, mais j’ai soupçonné que la vraie raison de leur demande était pour qu’elles puissent regarder leurs programmes préférés.
Dehors, c'était un paradis pour moi et mes frères. Nous passions toute la journée sur la plage, à nager et à construire des châteaux de sable. Pour moi, le clou de la journée était quand j’ai guetté le vendeur de chouchous (cacahuètes confites) se faufilant parmi les baigneurs. J'embêtais ma mère pour quelques centimes et ensuite je dévorais ma friandise. Après quelques jours comme cela, ma mère en avait assez, donc elle a inscrit mon frère et moi à des cours de voile.
Nos leçons ont commencé sur la plage, où l’on a appris à installer le safran et la dérive, lever le mât, et mettre la voile. Nous avons tous bien ri quand l'un des enfants, qui peine à placer son mât, a sauté du bateau pour obtenir un effet de levier supplémentaire - imagine ce qu’il se serait passé s'il l’avait fait quand il était à la mer ! Les préliminaires terminés, on a passé le reste de la semaine glissant sur la baie dans nos petites embarcations pour deux personnes. Mais ce que j'avais envie de faire, c'était de naviguer sur les plus gros bateaux pour trois personnes qui dépassaient la digue - quelque chose qui m'attendait jusqu'à ma prochaine visite à Saint-Jean-de-Luz en 1979.
Mis à part la plage, l’autre source d’aventure pour un garçon était le port de pêche. Mon frère et moi adorions regarder les bateaux revenir au port et voir ce que les pêcheurs avaient pêché chaque jour - même si je dois admettre que voir les anguilles géantes se tortiller dans les cales des bateaux m'a rebuté de la plupart des fruits de mer pour le reste de ma vie !
Au cours de l'été, nous avons découvert de nouveaux sports, comme le football, un sport qui n'était pas du tout commun aux Etats-Unis à cette époque. On a aussi découvert la course cycliste longue distance avec le Tour de France, qui s’est passé près de Saint-Jean-de-Luz cet été. Un des stages s'est terminé à Pau, et nous avons eu de la chance de le voir. Et finalement, il y avait la pelote basque, un sport qui est l'ancêtre de jai alai. J'ai regardé avec étonnement les joueurs utiliser d'énormes gants en osier pour lancer une balle contre un mur. J’ai pensé que j’aimerais essayer ce jeu jusqu'à ce que je vois un joueur s'effondrer au sol après avoir été touché par le ballon - oh, l'agonie !
L'un des principaux événements estivaux de la ville était une tradition basque, le Toro de Fuego. Cette parodie de corrida a eu lieu plusieurs fois tout au long de l'été. Ce festival a commencé avec quelqu'un portant un taureau en bois sur ses épaules auquel des feux d'artifice étaient attachés. Les enfants chassaient le taureau autour de la place jusqu'à ce qu'un cercle de personnes se forme, puis les feux d'artifice étaient allumés - des moulinets tournants et d'autres feux d'artifice inondaient la foule d'étincelles. Mes frères et moi avons adoré !
Saint-Jean-de-Luz est aussi un site historique. C'est ici qu'a eu lieu le mariage du roi Louis XIV avec Marie-Thérèse, une princesse espagnole, à l'église Saint-Jean Baptiste de Saint-Jean-de-Luz. Ce mariage cimenta le traité des Pyrénées, mettant fin à la guerre qui fit rage entre la France et l'Espagne entre 1635 et 1639. La porte par laquelle est passé le couple était murée après le mariage afin que personne d'autre ne puisse suivre les traces de Louis XIV.
Après un mois à absorber mon patrimoine français, c'était le moment de rentrer au Michigan. J'y suis retourné seulement une fois dans ce coin de France, mais j'espère revisiter mes souvenirs d'enfance en personne bientôt.
Un sujet francophonie à partager :
Je voudrais vous présenter une émission de télévision francophone (et, d’accord, germanophone) que j’aime beaucoup : Karambolage, un produit de l’arte.tv.
Depuis 2001, des magiciens de l’information créent ces bijoux visuels. Il y a trois parties, plus ou moins, dans chaque épisode, et les épisodes sont courts (autour de 12 minutes), et aussi ludiques, créatives, et informatives. Elles présentent la culture et l’histoire des deux pays, la vie quotidienne, et les différences entre les deux pays. Vous pensez, par exemple, que vous connaissez tous les détails de Pâques ? Détrompez-vous ! Si vous n’avez pas regardé l'épisode Spécial Pâques, je soupçonne qu’il y a de nouveaux détails — comme la différence entre la cloche de France et le lièvre d’Allemagne, que vous voudrez apprendre. Faîtes moi confiance !
Un de mes épisodes préférés est sur les photos présidentielles français. Une tradition de la 5ème République depuis son premier président, Charles de Gaulle. Ces photos avaient eu des degrés de succès variables. Karambolage présente les toutes, de Gaulle à Macron, et discute les détails et les différences qui les font impressionnants… ou pas.
Charles de Gaulle a établi le standard avec son portrait, pris à la bibliothèque de l’Élysée en 1958 — et la même pour le portrait de son successeur, Georges Pompidou. De Gaulle regarde à la droite, et Pompidou à la gauche.
En 1974, nous avons la photo officielle de Valéry Giscard d’Estaing, moderne et horizontale, avec le président silhouette contre la partie blanche du drapeau français.
François Mitterrand est retourné à la bibliothèque en 1981, où il montre qu’il peut lire. Un critique a dit que Mitterrand ressemble à un président d’entreprise ou de banque.
En 1995, Jacques Chirac est debout pour sa photo dans le jardin de l’Élysée. On peut voir le drapeau français sur le palais. Un critique l’a appelé une catastrophe, comme on dirait un maître d’hôtel qui reçoit le client devant son établissement.
Nicolas Sarkozy est retourné à la bibliothèque pour son portrait en 2007, avec deux grands drapeaux qui l’éclipsent, et en 2012, François Hollande est retourné au jardin. Hollande est capturé mi-marche, et devant des drapeaux. (Le drapeau français est, malheureusement, tourné, et ressemble au drapeau néerlandais.)